ATELIER JIWAR



LES RAPPORTS
DE VOISINAGE
DANS LA MEDINA DE MARRAKECH
ENTRE HIER
& AUJOURD’HUI


La Médina de Marrakech en tant qu’espace commun de vie, de partage et d’expériences est dépositaire des pratiques sociales et culturelles des habitants, dont font partie les participants de l’atelier Jiwar. A travers la thèse de Mr. Aba Sadki, nous avons conçu un atelier qui se déploie en recherches, analyses et discussion collectives entre les participants, le chercheur et la programmatrice culturelle Le concept de l’atelier se veut comme une exploration poètique et analytique des différentes questions éthnographiques abordées dans le projet de thèse “Les rapports de voisinage dans la Médina de Marrakech entre hier et aujourd’hui” de Mr. Aba Sadki en opérant une immersion sensorielle et réflexive des différents participants dans les temps et espaces de la Médina entre un passé qui existe toujours dans leur présent ou dans la mémoire et l’inconscient collectifs et un présent où ses éléments résistent ou bien disparaissent sous l’effet de la modernité, de la gentrification et des changements de conjoncture économique. L’atelier a par conséquent engagé de manière active les imaginaires des participants comme contrepoids aux donnés du terrain, qui sont en pérpetuelle changement pour permettre une sorte d’état des lieux dont les résultats seront réstitués sur une carte mentale en mini-exposition virtuelle. Ce qui suit est un compte rendu de l’atelier ainsi qu’un aperçu de l’approche et des thématiques abordées.·


MISE EN CONTEXTE
DE L’ATELIER



L’atelier « Jiwar » - mot arabe signifiant « voisinage » - est un workshop collectif, d’une durée d’environ deux mois, organisé à la fin de l’année 2020 à la fondation Dar Bellarj (Fondation Susanna Biedermann pour la culture au Maroc) au cœur de la ville historique (médina) de Marrakech classée par l’Unesco au patrimoine mondial en 1985.
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L’atelier s’inspire de la thèse de doctorat de Mr. Aba Sadki sur l’appropriation de l’espace et la cohabitation entre les résidents occidentaux et les habitants de la médina dans le contexte des mobilités Nord-Sud qui caractérisent les dynamiques touristiques de Marrakech depuis les années 1990. La recherche engage la réflexion sur les nouvelles configurations socio-spatiales et les enjeux de la cohabitation entre les touristes-résidents et les habitants que les flux touristiques occidentaux produisent au sein de la société d’accueil sur un territoire local : la ville ceinte. Au sein de la littérature sur les nouvelles mobilités migratoires vers les villes anciennes de la rive sud de la méditerranée, notre recherche s’attache à questionner le caractère arabo-musulman traditionnel de l’espace et la question de sa patrimonialisation, en inscrivant cette nouvelle mobilité dans les écrits sur la gentrificationtouristique, dans un contexte historique post-colonial. Ainsi, le travail de recherche en amont de l’atelier développe une thématique relativement récente en géographie du tourisme : les conflits de voisinage entre touristes-résidents, touristes et habitants dans le Sud global, en prenant pour étude de cas la médina de Marrakech. Cette recherche en géographie du tourisme convoque également des outils d’analyse de la géographie urbaine, sociale et culturelle pour mieux cerner les enjeux de voisinage et leurs effets sur la cohabitation entre les deux groupes sociaux. L’étude de voisinage se fait dans un espace urbain marqué par la juxtaposition de deux modes d’urbanité oriental et occidental. Elle présente alors une analyse des pratiques résidentielles, des caractéristiques culturelles et socio-démographiques et des perceptions des groupes sociaux en situation de cohabitation. En utilisant le concept de riyadisation (reconversion des maisons traditionnelles à patio central en maisons d’hôtes) qui caractérise la gentrification touristique à Marrakech, l’étude explore les nouvelles configurations spatiales qui prennent place dans la médina. C’est à partir de l’analyse des espaces résidentiels à l’échelle des quartiers (espace public) et des maisons (espace privé) qu’émerge le thème central de voisinage en vue de le saisir dans ses dimensions réelles et conceptuelles et tenter de prévoir son évolution dans le temps.
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LES PARTICIPANT·E·S Une quinzaine de participants répartis entre deux générations : les « mamans douées » de la fondation Dar Bellarj et des jeunes lycéens et universitaires ont travaillé sur l’appropriation de l’espace et la question de voisinage qu’ils ont approchés par le biais d’une approche artistique participative, fidèle à l’esprit des ateliers de la fondation. Répartis par groupes de 4 à 5 personnes, les participants ont réalisé des recherches sur 4 volets différents :
1) La mitoyenneté architecturale (densité et emboîtement des habitations)
2) L’ambiance sensorielle (les sons, les odeurs, les couleurs, les vues)
3) Le paysage urbain (mutation et reconfiguration de l’espace au fil du temps)
4) Le patrimoine immatériel (traditions locales et pratiques sociales culturelles entre hier et aujourd’hui).
La thématique du voisinage est le point commun de ces quatre thèmes que nous avons explorés à travers de actions-recherches qui retracent l’évolution des relations de voisinage. Ces trois dernières décennies ont mis à l’épreuve "l'emboîtement des habitations” (propre à l’architectire de la ville Islamique) les rapports de proximité vécus et perçus au quotidien, les nouveaux usages de l’espace et le mutations des traditions et des pratiques sociales et culturelles locales.
MÉTHODOLOGIE L’animation de workshop associe différentes méthodes relevant notamment de l’anthropologie sensorielle (ce qui est perçu, senti, vu, entendu et vécu), l’identification des marqueurs socio-spatiaux de la gentrification touristique, tout en utilisant des médiums audios, audiovisuels et cartographiques. DÉROULÉ ET ORGANISATION DES SÉANCES
Sur un total de sept séances, le workshop s’est déroulé selon le programme suivant :
• 02 séances théoriques introduisant les objectifs, la méthodologie et les thèmes de workshop, avec des moments de brainstorming et de partage d’idées et de ressentis des participants.
• 03 séances de recherche pratique sur le terrain pour la collecte des données, la réflexion et la production des premiers résultats.
• 02 séances de production au cours desquelles les travaux des groupes ont été présentés et discutés et les résultats organisés et finalisés.
RÉSULTATS ET RESTITUTION
Du fait des médiums utilisés pour documenter la recherche, les participants ont travaillé avec des carte mentales et ont présenté de courtes vidéos filmées avec des smartphones, des pièces sonores (interviews, son d'ambiances) et des cartographies des derb (ruelles) et houma (quartiers). Ils ont aussi collecté des anciennes photos d’archives qui ont montré concrètement les changements de la configuration de l’espace et la transformation des caractères culturels matériels et immatériels locaux. Une pièce sonore a été créée à partir des enregistrements et interviews/recherches autour du rituel du café La restitution finale de l’atelier prend la forme d’une carte mentale interractive et viruelle qui présente le suc des recherches à travers différents médiums.
Une autre restitution physique a eu lieu à deux reprises sous forme de la réactivation du rituel du café qui est
un rassemblement organisé par les femmes pendant les après-midi et conçu comme un espace de liberté, de
sororité et de solidarité entre femmes.

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Cet atelier a été développé dans le cadre des Ateliers Collectifs de Dar Bellarj, conçus par Francesca Masoero et Rim Mejdi en intersection avec le programme Qanat (le 18) .
Il a été particulièrement curaté par Aba Sadki et Rim Mejdi. Maha El Madi, directrice de Dar Bellarj et Aziz Bouyabrine directeur artistique de Dar Bellarj ont contribué à
sa conception.
L’exposition virtuelle a été curatée par
Rim Mejdi et Aba Sadki
et a été conçue graphiquement et
mise en page
par Lea-Leila Jiqqir. 
La pièce sonore a été montée par Abdellah Hassak et traduite par Mouna Guidri.
Les participant·e·s & chercheur·e·s font partie des mamans douées et des jeunes de Dar Bellarj:
Zahra El Khiraoui, Othmane Oullal, Fatima Ennaaoui, Khadija Qerbah, Rachida Idrissi Lehbali, Amina Bouyebrine, Rachida Guendouf, Rida Sanba, Rokia Wamani et ses deux filles,
Latifa Ghazdaoui et Mohamed Reda Nehlaoui.




︎ FATIMA ENNAAOUI





︎ ZAHRA EL KHIRAOUI





︎ LATIFA GHAZDAOUI